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Dépression post-partum

30 janvier 2019

J’ai accouché il y a 4 mois d’une petite cocotte toute en santé après une grossesse assez mouvementée. Ça m’a permis d’expérimenter et de passer au travers de la période post-partum immédiate ou encore le 4e trimestre.

Dans le cadre de la journée Bell Cause pour la cause, j’ai décidé d’aborder un sujet sensible qui touche énormément de mamans et papas dans mon entourage (et probablement dans le vôtre aussi). Eh oui! Vous avez bien lu! J’ai bien mentionné les papas aussi. On pense souvent à tort que ce ne sont que les femmes qui peuvent souffrir de dépression post-partum, mais les papas sont aussi à risque d’avoir des symptômes dépressifs dans cette période de grands changements.

La grossesse, c’est un marathon qui dure 9 mois…9 mois à anticiper d’avoir votre bébé. 9 mois de prise de poids assurée et de changements corporels… et peut-être aussi des douleurs au nerf sciatique, des changements d’humeur, du reflux, des pipis aux 5 minutes et bien d’autres de ces plaisirs. Bien sûr, vous allez me dire qu’il y a des femmes qui ont eu des grossesses plus que normales ou encore des grossesses plus que parfaites. Et oui, vous avez tout à fait raison, mais continuez de lire, vous verrez où je veux en venir. Ensuite vient l’accouchement : un autre marathon assez intense avec des douleurs, des larmes, des rires, du sang (oui oui), de l’adrénaline, etc. Vous savez, la fameuse phrase que nos mères, belles-mères ou grands-mères nous répètent toujours : Tu vas voir, tu vas tout oublier après avoir accouché tellement tu vas être heureuse d’avoir ton bébé. Oui, mais non. La tête oublie les souffrances et le stress, mais le corps lui, il s’en souvient. Puis, au moment où vous devriez vous reposer pendant plusieurs jours voire même pendant des semaines pour récupérer de ce méga effort, et bien, vous ne pouvez pas vraiment, car vous avez un petit être merveilleux à vos côtés, mais un petit être de grands besoins. Alors, bienvenus les nuits blanches, l’allaitement et ses multiples problématiques possibles, le manque de sommeil, etc.

Pendant les 2 premières semaines après l’accouchement, plus de 1 femme sur 2 va vivre ce qu’on appelle le «Blues postpartum». On s’entend pour dire que c’est une statistique assez importante. On ne sait pas trop quelle est la cause exacte, mais on croit que la chute des hormones en post-partum pourrait certainement contribuer aux symptômes. C’est certain que si vos syndromes prémenstruels étaient difficiles avant votre grossesse, que vous avez déjà eu des symptômes dépressifs avant votre grossesse, que des membres de votre famille ont déjà souffert de dépression, que vous avez eu un accouchement par césarienne, que vous n’allaitez pas, que vous vivez du stress en lien avec le nouveau rôle de maman (Mais qui ne vit pas de stress en lien avec le nouveau rôle de maman?) et que vous n’avez pas ou peu de soutien, vous êtes certainement plus à risque de souffrir du Blues post-partum.

Mais, qu’est-ce qu’on entend par «Blues postpartum»? Ce sont des symptômes dépressifs d’une intensité légère, comme de la tristesse, des pleurs, de l’irritabilité, de l’anxiété, de l’insomnie, de la fatigue, de l’épuisement, de la diminution de la concentration et des changements dans l’humeur. En général, les symptômes se développent dans les 2-3 premiers jours après l’accouchement et devraient rentrer dans l’ordre en 2 semaines. Par contre, si ces symptômes persistent plus de 2 semaines, cela ressemble davantage à une dépression post-partum.

Il est important d’être capable de reconnaître ces symptômes sur nous-mêmes ou sur les mamans de notre entourage, car celles qui souffrent de Blues post-partum ont 4 à 11 fois plus de chance de souffrir de dépression post-partum et 4 fois plus de chances de souffrir d’un trouble anxieux. De son côté, la dépression post-partum, elle, touche environ 10% des femmes.

Qu’en est-il des papas? Dans les 3 premiers mois suivants l’accouchement, on dit qu’environ 7% des papas auront des symptômes dépressifs, et 25% des pères en auront entre 3 à 6 mois après la naissance. Pensez-y… Ils doivent vivre le stress de l’accouchement, le fait qu’ils doivent occuper un rôle important pour prendre soin de sa conjointe, de développer un lien avec son bébé, etc. Les papas sont d’autant plus à risque de souffrir de dépression si leur conjointe a des symptômes dépressifs.

Vous-même pourriez vivre les symptômes de dépression suivants ou les reconnaître chez vos proches : perte de plaisir ou perte de vos loisirs préférés, pleurs quotidiens, prise ou perte de poids, changements dans votre appétit, perturbations du sommeil, diminution de concentration, pertes de mémoire, culpabilité et perte d’estime de soi, idées suicidaires ou un sentiment d’être ralenti ou accéléré.

Mon petit mot personnel

C’est tout à fait NORMAL de se sentir dépassé par les événements après un accouchement et dans les semaines qui suivent. Vous pourriez vivre ou avoir vécu le «Blues postpartum» ou souffrir de dépression post-partum,

Non, ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas fort(es) ou bon(nes).

Non, ça ne fait pas de vous une personne faible ou qui manque de courage.

Non, ça ne veut pas dire que vous n’aimez pas votre bébé ou que vous n’aimez pas en prendre soin.

Non, ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas fait(es) pour être une maman ou un papa.

À vous nouvelle maman, nouveau papa ou connaissance de nouvelles mamans ou de nouveaux papas, je vous donne mes petits conseils pour passer à travers ou pour aider quelqu’un dans le besoin. C’est probablement dans cette section que mes proches esquisseront un petit sourire… #Faitescequejedisetnoncequejefais…

Si vous vous reconnaissez dans mon texte ou que vous reconnaissez quelqu’un de votre entourage, il faut premièrement EN PARLER. Parlez-en à vos ami(es), à votre famille, à vos collègues, à votre médecin, à votre psychologue ou travailleur social. Parlez-en à qui vous voulez, mais il faut absolument en parler et ne pas rester seul avec ses problèmes.

Ensuite, vous savez, ce moment où l’impression de ne pas être à la hauteur nous vient parce qu’on se rend compte qu’on n’y arrivera pas seule… Moi la première, je l’ai vécu. Alors, dîtes-vous que vous n’êtes pas seul(es)! C’est pourquoi mon deuxième conseil pour vous est de DEMANDER DE L’AIDE à votre chum, à votre famille, à vos amis ou à votre entourage, au CLSC, à des organismes communautaires ou autres.

Puis, tentez de rajuster vos exigences à la baisse. Oui, cela peut être très difficile, car on est souvent très exigeants envers soi-même.

Finalement, dans la mesure du possible, prenez un peu de temps pour vous.

Cependant, si vous vivez des symptômes tellement importants qu’ils vous empêchent de vous occuper de votre bébé, que cela devient trop présent dans votre quotidien, si vous pensez que vous pourriez vous faire du mal ou faire du mal à votre bébé, il faut absolument CONSULTER votre médecin.

En terminant, je vous laisse des ressources à utiliser en cas de besoin :

  1. Info-Santé 811
  2. LigneParents 1-800-361-5085 : Il s’agit d’une ligne téléphonique disponible 24h sur 24 et 7 jours sur 7, gratuite et confidentielle.
  3. Ligne téléphonique Suicide Action 1-866-APPELLE ou 1-866-277-3553 : Il s’agit d’une ligne d’intervention disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Kim Lévesque, Médecin de famille

Référence : UpToDate 2019